Signal mobile temporaire des années 1950 installé sur le Petit Pont Cardinal Lustiger
À partir de 1949, des feux temporaires montés sur des plateformes mobiles ont été utilisés à Paris afin de mettre en place de façon ponctuelle une régulation de la circulation suite à un évènement entrainant une augmentation momentanée du trafic routier.
Ces dispositifs, novateurs pour l'époque et qui sont les ancêtres des feux tricolores de chantier que nous connaissons aujourd'hui, sont composés de quatre ensemble comportant un mât avec un feu tricolore placé à 2,40 m de hauteur. La communication entre les différents feux se faisait par liaison radio, le feu avec le boitier de commande agent étant équipé de l'émetteur, et les trois autres signaux, pleinement autonomes, étant équipés chacun d'un récepteur. L'antenne radio était placée au sommet de chaque feu.
Chaque signal pouvait se brancher par câble sur le réseau électrique, mais ils étaient la plupart du temps alimentés sur des batteries, ce qui permettait d'assurer la gestion d'un carrefour sans aucun câble.
modèle avec flèche verte
et signal piétons latéral
exemplaires conservés au LER
J.Neuhaus
à partir de la fin des années 1950
les tout derniers exemplaires en place à Paris en 2014
aujourd'hui disparus
Dans les années 1940, la ville de Paris a équipé de nombreux endroits (virages, intersections, déllimitation de tunnels, plateforme de régulation manuelle...), avec ces petits répétiteurs unicolores en cuivre de conception Paul Girardin Frères (PGF), probablement tous de couleur rouge. Un exemplaire rarissime de ce signal est aujourd'hui conservé au musée MEGE.
Dans les années 1970, une version plus moderne en fonte d'aluminium a été commercialisé par ce même fabricant, le signal Trinité. LES RÉPÉTITEURS UNICOLORES GIRARDIN
Saunier Duval Frisquet
avec signal piétons latéral
Dans la foulée du signal principal, la ville de Paris va également dessiné son propre modèle de répétiteur. Il ne ressemble pas du tout à son grand frère principal, il est arrondi aux extrêmités, et équipés de lentilles en verre. La répétition du signal piétons sur les flancs est abandonnée au profit des signaux piétons propres.
Une expérimentation de bandes blanches sur la face avant et la face arrière sera menée afin d'accroitre sa visibilité, mais sans doute cela rappellera-t-il trop l'occupation, ça ne sera pas généralisé. C'est toujours ce modèle qui est utilisé aujourd'hui.
Un signal identique toujours utilisé sur les Champs-Elysées en 2008
Expérimentation des nouveaux signaux Ø160 de terre plein central -
années 1950
La répétition du signal principal sur sa face arrière (signaux tricolores dits "double face"), a semble-t-il du poser quelques problèmes de compréhension des usagers. Car même si cette répétition a été jugée utile, dès les années 1930, afin de donner une indication de l'état du signal aux usagers de la voie opposée, des expérimentations ont eu lieu dans les années 1950 pour supprimer cette face arrière et de ne laisser que la répétition du signal rouge, notamment pour les rues en sens unique.
Cette modification des signaux ne sera cependant pas adoptée, les signaux double face continueront d'être utilisés jusque dans les années 1990, mais l'histoire donnera raison aux ingénieurs de la ville de Paris puisque seule la répétition du feu rouge, sous forme de croix, sera adoptée par la réglementation française dans les années 1990.
Alors que les signaux suspendus sur câbles fleurissent à l'étranger, Paris semble échapper à ce type d'installation, très certainement par soucis esthétique. L'esthétique reste dominante en France, plus que partout ailleurs.
Un carrefour va cependant échapper à cette règle : celui de l'intersection de la rue Vercingétorix et de la rue du château, où un signal suspendu sera installé dans les années 1950. Son fabricant n'a malheureusement pas pu être identifié.
Ce signal à 4 faces, fixe ou clignotant (difficile de se prononcer sur son fonctionnement), était renforcé au sol par des clous lumineux tricolores. La signalisation des piétons à ce carrefour était également assurée par un clou placé côté trottoir, au milieu du passage clouté.
Cette installation très particulière était très probablement le fruit d'une expérimentation car c'est la seule connue à ce jour, et elle a bénéficié d'un reportage photographique de la mairie de Paris, aujourd'hui conservé au sein de la Direction de la Voirie et des Déplacements.
MODÈLES DE SIGNAUX RÉPÉTITEURS
L'après-guerre sera une période faste pour la signalisation lumineuse tricolore.
Dès 1943, Robert Blancherie, alors directeur du fabricant EVR basé à Aubervilliers, sollicite activement le Commissariat à la Reconstruction et l'interpelle sur la nécessité de mettre en place des équipements de signalisation lumineuse tricolore.
À partir de 1945, (Paris sera libérée en août 1944), au moins 6 fabricants se partagent le marché des signaux parisiens : Jean Neuhaus, EVR, Saunier Duval Frisquet, Westinghouse, A.Durenne, et d'autres dont l'identitifcation n'a pour l'instant pas été possible compte tenu du peu d'archives restant de cette époque.
Le matériel de régulation était quand à lui fourni par EVR, Saunier Duval Frisquet et Garbarini.
Plateforme de régulation manuelle avec feux Girardin
Lorsque l'avenue des Champs-Elysées a été équipée de feux tricolores, l'architecte des bâtiments de France a refusé l'implantation de mâts au centre de l'avenue (il changera d'avis 60 ans plus tard). La présence d'un seul mât côté trottoir n'offrant pas une visibilité suffisante pour cette voie large de 30 mètres et de 4 voies de circulation, il a fallut trouver une solution qui convienne à tout le monde.
Un signal de taille réduite, mais de taille supérieure à un répétiteur classique a donc été mis au point en collaboration avec le fabricant basque Jean Neuhaus. Il s'agit d'un signal reprenant la forme d'un signal répétiteur, mais avec des lentilles de Ø160 mm de diamètre qui sera placé sur des bornes lumineuses hautes installées sur des socles démontables car le centre des Champs-Elysées doit rester vierge lors du passage de convois officiels. Leur couleur est blanche, comme celle des bornes sur lesquelles ils sont placés.
Ce modèle de signal Ø160 sera par la suite installé à plusieurs autres endroit de la capitale, mais également utilisé en tant que répétiteur sur des carrefours importants comme celui du pont de l'Alma.
Ces installations en terre-plein central des Champs-Elysées ont également une autre spécificité qui demeure toujours aujourd'hui : le passage du métro sous la voie rend impossible le passage de câbles souterrains standard. Ce sont donc des câbles plus fins qui sont installés, mais extrêmement fragiles ce qui rend ces installations très vulnérables.
Jusqu'alors, la ville de Paris se contentait des modèles de signaux proposés par les fabricants, ce qui donnait une multitude de signaux différents, et donc une multitude de pièces de rechange.
Pour simplifier la maintenance et uniformiser le parc de feux, la mairie de Paris met au point au début des années 1950 son propre modèle.
Il s'agit d'un signal en tôle, équipé de lentilles en verre conçues par Holophane. Sa forme trapézoïdale lui permet d'être orienté vers le trafic, pour une meilleur visibilité. Le feu rouge est équipé de deux lampes incandescentes par mesure de sécurité ce qui permet au signal de continuer d'être fonctionnel lorsque la lampe principale du rouge est hors service.
Ce modèle est fixé en top de mât, ou bien sur un système de tubes lui permettant d'être installé à peu près sur tous les supports pour faire face à toutes les situations : fixation latérale, suspendue, ou sur candélabre.
Il est à noter que ce modèle de signal, fabriqué par la société de tôlerie industrielle Rousseau (groupe Robardey) de 1958 à 2004, sera également installé dans quelques autres villes (Marseille...).
LES MODÈLES "VILLE DE PARIS"
La majorité des feux de signalisation en place à Paris ont été plongés dans le noir par les allemands, par soucis de sécurité lors des couvre-feux. Leur emploi était de toute façon superflu face à la diminution du trafic automobile. Les feux éteints sont pour la plupart restés en place.
En l'absence d'éclairage public la nuit, de nombreux mâts ont été peints avec des rayures blanches afin de les rendre plus visibles.
À cette époque, le mobilier urbain électrique, dont les feux tricolores et les lanternes d'éclairage public, étaient réalisés en cuivre, un métal très convoité par les allemands pour l'utiliser dans la fabrication d'obus. Afin d'éviter que Paris ne se fasse dépouiller de son mobilier urbain, les employés de la Compagnie Parisienne de Distribution d'Electricité (CPDE), alors en charge de l'installation et de la maintenance de l'éclairage public et des feux tricolores à Paris, ont peint le mobilier en cuivre avec une peinture marron. Après-guerre, cette couleur a été conservée pour tout le mobilier urbain de Paris, on parle aujourd'hui de la couleur "brun de Paris" (RAL 8019).
Candélabre à rayures et signalisation allemande
feu de Paris 2ème version
à partir des années 1950
feu de Paris 1ère version
à partir des années 1950
NOUVEAUX MODÈLES DE SIGNAUX TRICOLORES
La décénnie 1950 est sans doute la plus prospère pour le développement de la signalisation tricolore de Paris. Le célèbre modèle de signal tricolore, encore utilisé aujourd'hui, sera adopté au début des années 1950, et de nombreux carrefours vont être équipés de signaux.
Les signaux précédemennt implantés vont également être modernisés et se développer dans un soucis de sécurité routière, face à l'augmentation croissante de la circulation automobile dans la capitale française.
En 1956, les services de la maintenance, assurée par EDF, sont intervenus 1648 fois sur les installations de SLT parisiennes.
La décennie 1940 est majoritairement marquée par l'occupation de Paris, de juin 1940 à août 1944. Cela marque un coup d'arrêt au développement de la signalisation lumineuse de Paris.
Les nazis vont marquer la signalisation de la capitale de leur empreinte, tout d'abord avec l'extinction de tous les signaux lumineux, puis avec la mise en place progressive de leurs propres signaux.
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