L'entreprise Éclairage des Véhicules sur Rail (EVR) a été fondée en 1919 par un groupement d'entreprises composée de la Compagnie Générale d'Électricité (CGE), la Compagnie des Magnétos, l'Accumulateur Tudor et la Société pour l'Équipement des Véhicules (SEV). A cette époque, son activité est exclusivement consacrée à la conception, la fabrication, l'installation et l'entretien d'appareils d'éclairage pour les trains. Plus de 15 000 appareils EVR seront en service en 1930, et ces produits s'exportent dans toute l'Europe, en Asie et en Amérique du Sud.
En 1934, Robert Blancherie arrive à la tête de l'EVR, et deviendra au fil des années le dirigeant emblématique de la société. La même année, il acquiert une license anglo-américaine auprès du fabricant Automatic Signal Division qui l'autorise à commercialiser les contrôleurs de carrefour électromécaniques "Electro-Matic", ainsi qu'un modèle de signal tricolore. La première installation routière d'EVR aura lieu en 1935, avec l'équipement de la Place de la Trinité à Paris.
À la fin des années 1930, l'activité ferroviaire se diversifie (générateurs haute puissance pour le chauffage des trains, équipements à moteur thermique, climatisation), tandis que l'activité circulation se développe. Mais la seconde guerre mondiale va mettre un frein au developpement de la société qui va alors se spécialiser dans la fabrication de batteries pour camions électriques afin de pallier la pénurie d'essence.
Dès 1943, Robert Blancherie sollicite activement le Commissariat à la Reconstruction et l'interpelle sur la nécessité de mettre en place des équipements de signalisation lumineuse tricolore. Cette sollicitation va se révéler payante, et l'activité circulation d'EVR va exploser à la fin des années 1940 avec l'équipement des principales villes françaises (Paris, Toulouse, Nice, Reims...). Soutenue activement par ses sociétés-mères, EVR va être en capacité de produire un grand nombre d'équipements de signalisation, mais également de développer cette activité, et notamment la problématique de la régulation du trafic routier.
Dans les années 1960, EVR développe encore un peu plus son activité, avec la production d'éclairage à tubes fluorescents pour avions (plus de 2000 exemplaires pour la Caravelle), des produits de comptage des véhicules et de collecte des péages (autoroute Escota en 1961), de signalisation lumineuse (bornes, panneaux rétro-éclairés), et de coordination des carrefours à feux tricolores.
Les années 1970 voient la mise en place des commandes centralisées des carrefours, qui permettent l'auto-ajustement des contrôleurs à distance selon la densité du trafic grâce à des capteurs (Nice en 1971, Toulouse en 1975). En 1972, ce sont 220 contrôleurs électromécaniques EVR qui sont en service à Paris, et l'année suivante le contrôleur Isotrafic, premier organe de commande à électronique statique est présenté (150 carrefours équipés avec l'Isotrafic en 1975). En 1971, le siège parisien d'EVR rue de l'Arcade est transféré à Aubervilliers dans un bâtiment construit sur mesure par l'architecte François Emery. L'édifice est aujourd'hui inscrit dans l'atlas du patrimoine de la Seine Saint Denis. À la même époque, la branche ferroviaire est connue pour fournir à l'Afrique du Sud des wagons de transport clairement désignés, dès l'usine française, pour voyageurs blancs seulement, ce qui vaudra à EVR d'être inscrite parmi les entreprises ayant participé à l'Apartheid.
Les années 1980 marquent le très net déclin d'EVR qui est confronté à la fois au déclin de son activité ferroviaire, et à une concurrence écrasante dans le domaine de la signalisation tricolore. À la fin des années 1980, la commercialisation des signaux Classique en aluminium, très robustes et dont la réputation n'est plus à faire est toujours active, cependant les signaux en matière plastique au design plus travaillé sont à la mode, notamment grâce aux lignes de mobilier urbain développées par le publicitaire JCDecaux. EVR sort alors deux nouveaux signaux, Minerve en plastique et Minerva en aluminium, qui vont connaitre un très grand succès.
EVR disparait en 1995 lorsque l'entreprise est rachetée par le groupe Lacroix. Les signaux et contrôleurs développés par EVR pendant près de 60 ans vont continuer à être commercialisés par Sofrel, filiale du groupe Lacroix, avant d'être intégrés au sein de Lacroix Trafic et d'être progressivement remplacés au cours des années 2000.